Avec le soutien du Fonds d’action intersectorielle de l’Agence de la santé publique du Canada, le Centre de recherche communautaire (CBRC) a lancé un projet de un an en vue de créer une coalition nationale pour mettre fin aux pratiques de « thérapies » de conversion au Canada, dans le prolongement des travaux que le CBRC mène actuellement dans ce domaine en collaboration avec ses partenaires.
Malgré les dispositions législatives fédérales qui criminalisent les « thérapies » de conversion et les dénonciations de ces pratiques par des associations et des ordres professionnels, les pratiques de conversion n’ont pas cessé au Canada. Plusieurs obstacles empêchent d’y mettre fin, notamment le manque d’interventions politiques pour contrer les pratiques de conversion de personnes trans, les lacunes relatives au signalement efficace et aux mécanismes d’application du Code criminel à cet égard, les actions de certains gouvernements provinciaux et organismes de réglementation des soins de santé, et l’absence de plan fédéral en vue d’abolir les pratiques de conversion.
Pire encore, la hausse alarmante de la violence anti-trans et anti-queer, ainsi que les récentes initiatives législatives pour supprimer des mesures qui protègent les jeunes trans et de la diversité de genre, font craindre une augmentation des risques afférents aux pratiques de conversion et aux efforts de coercition visant à changer l’orientation sexuelle, l’identité de genre ou l’expression de genre (SOGIECE). En outre, les expériences des personnes survivantes 2S/LGBTQIA+ autochtones, noires, racisées, immigrantes, nouvelles arrivantes et réfugiées sont particulièrement préoccupantes, car ces personnes vivent des difficultés accrues en raison de la multiplicité des formes d’oppressions fondées sur la race, l’origine ethnique, le statut d’immigrant, la langue et la religion auxquelles elles se butent. Nous nous efforcerons de mettre le vécu des personnes issues de ces groupes au centre de notre projet.
Pour lutter contre ces menaces et contribuer à mettre fin aux pratiques de conversion au Canada, nous renforcerons et élargirons la collaboration entre les organismes de la communauté 2S/LGBTQIA+, les organismes de soins de santé et les communautés religieuses favorables à l’affirmation en vue d’échanger des connaissances, de trouver des solutions et de montrer des façons d’améliorer l’application des dispositions fédérales au sein des politiques en matière de santé, des pratiques confessionnelles et autres.
De concert avec le CBRC, cette coalition mobilisera les partenaires actuels et de nouveaux partenaires pour piloter ces travaux, notamment des survivant·e·s, des gens du milieu universitaire et de la recherche, des spécialistes juridiques, des organismes de la communauté 2S/LGBTQIA+, des organismes de santé mentale et des groupes confessionnels favorables à l’affirmation. Un comité consultatif initial aidera le CBRC à aborder trois domaines d’action prioritaires :
- Établissement de partenariats – Renforcer et élargir les partenariats entre les organismes de la communauté 2S/LGBTQIA+, les prestataires de services et les principales parties intéressées, notamment celles qui ont des expériences vécues, dans le but de mettre sur pied une coalition nationale;
- Information et leadership pour les communautés et les principales parties intéressées – Trouver et mobiliser des ressources pédagogiques sur les pratiques de conversion et les dispositions du Code criminel, encourager le leadership et l’action, et renforcer les capacités pour soutenir l’élimination ou la prévention des pratiques de conversion et des SOGIECE.
- Analyse juridique et stratégique – Mener des recherches et des analyses juridiques et stratégiques sur le projet de loi C-4, Loi modifiant le Code criminel (thérapie de conversion), ainsi que d’autres lois et politiques anti-pratiques de conversion mises en place au Canada, pour définir les obstacles et les lacunes en matière de prévention des pratiques de conversion et pour éclairer les prochaines interventions en matière de politiques et de programmes (p. ex., structures redditionnelles et d’application de la loi).
Dans les premiers mois de ce projet, nous avons renforcé les partenariats existants et en avons établi de nouveaux. Nous avons également déterminé la façon d’appliquer une perspective intersectionnelle et anti-oppression à ces travaux, ainsi que de mieux répondre aux besoins et aux expériences des personnes 2S/LGBTQIA+ autochtones, noires, racisées, immigrantes, nouvelles arrivantes et réfugiées.
Le 20 novembre prochain, une rencontre sur la création de la coalition et sa vision aura lieu à Vancouver, parallèlement au Sommet 2024. Peu après, nous lancerons un appel public pour recruter les membres de la coalition. Ensemble, nous donnerons vie à une vaste coalition nationale intersectorielle menée par la communauté pour mobiliser les efforts visant à mettre fin aux pratiques de conversion au Canada, renforcer et outiller les allié·e·s 2S/LGBTQIA+ et coordonner les initiatives en vue d’optimiser les retombées sociales sur les lois, les politiques et la mobilisation. En travaillant de concert, nous améliorerons l’égalité des personnes 2S/LGBTQIA+ et mettrons au centre de nos travaux celleux qui ont subi, ou risquent de subir, des pratiques de conversion.
Restez à l’affût pour obtenir les toutes dernières nouvelles sur l’évolution du projet.
Jordan Sullivan, coordonnateur de projet