Les docteurs et les facilitateurs racontent comment les choses se passent pour les personnes trans au sein du système de santé canadien

*Avertissement de contenu : larticle suivant contient des références à lautomutilation et au suicide*

Afin de mieux comprendre la santé des personnes LGBTQ2 au Canada, le gouvernement fédéral a invité des experts et des défenseurs des droits à soumettre des preuves aux députés du Parlement.

Afin de mieux comprendre la santé des personnes LGBTQ2 au Canada, le gouvernement fédéral a invité des experts et des défenseurs des droits à soumettre des preuves aux députés du Parlement.

Ces données démontrent que les Canadiens queer continuent de ne pas être à la hauteur des Canadiens hétérosexuels cisgenres, et ce, autant en matière de santé mentale, d’accès aux soins, de taux d’ITSS et bien plus encore.

J'aimerais pouvoir dire que ce jeune a trouvé du soutien et qu’il a maintenant une vie heureuse et bien remplie. Ce n’est pas le cas.

Outre cette recherche, les témoins présents aux audiences ont également partagé les expériences vécues par les Canadiens pour illustrer comment le gouvernement pourrait intervenir et pourquoi cette intervention est si importante – en particulier pour les Canadiens trans.

 « J’ai une patiente transgenre qui avait vraiment besoin d'un médecin et j'ai accepté de la prendre comme patiente », a déclaré le Dr Tinus Wasserfall lors de l'audience du 2 mai. « Elle est arrivée avec un peu d'appréhension – je suppose qu'elle a subi toute une vie de préjugés et que le système médical a entrainé son lot de questions inconfortables et de communication peu optimale. »

Le docteur Wasserfall est un médecin de famille basé à Vancouver qui travaille spécifiquement avec la communauté LGBTQ2. Malgré tout, il affirme que même si sa clinique s'efforce de faire en sorte que les gens se sentent à l’aise, les préjugés de la communauté médicale élargie se font parfois sentir.

« Lorsque [la patiente] a dû subir une coloscopie de routine, elle est allée à un hôpital local. J’ai reçu les résultats et mon cœur s’est serré car le rapport indiquait qu'un patient de sexe masculin âgé de 56 ans avait été vu. Je connaissais les médecins en question et il s’agit de gens formidables, mais il y a un problème systémique lié à la manière dont les professionnels de la santé sont formés sur les problèmes de santé LGBTQ et à leur façon de communiquer. Si vous rencontriez cette femme, vous ne la considéreriez jamais comme un homme, et ce fut vraiment terrible. »

Ce genre de traitement est particulièrement préoccupant lorsque des personnes queer tentent d’accéder au système de santé en période de crise.

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Crystal Fach, co-fondatrice de Diversity Ed.

 

« Au début de ma carrière, je travaillais avec un jeune transgenre extraordinaire âgé de 17 ans », a déclaré Crystal Fach, cofondatrice de Diversity Ed.

« Ses parents ne l’acceptaient pas du tout. Il a été agressé [après sa sortie du placard] et hospitalisé quelques jours plus tard pour une tentative de suicide. À l'hôpital, j'ai commencé à rendre visite à ce jeune homme. Les infirmières l’appelaient par son ancien nom et le mégenraient.  Le psychiatre ne l'a pas référé à médecin qui aurait au moins été prêt à lui prescrire des hormones, et ses parents ont menacé de l’empêcher de poursuivre ses études postsecondaires s’il continuait ainsi. J'aimerais pouvoir dire que ce jeune a trouvé du soutien et qu’il a maintenant une vie heureuse et bien remplie. Ce n’est pas le cas. Il s'est suicidé six mois après avoir quitté l’hôpital. »

Mais toutes les histoires ne se terminent pas aussi tristement. Loretta Fearman, facilitatrice chez PFLAG Canada, a partagé le vécu d'un adolescent transgenre nommé Tom qui a été en mesure de recevoir des soins avec l'aide de sa famille et décrit ce que cela a donné.

« Tom a eu une mastectomie, et cette opération lui a permis de devenir une personne différente. Aujourd'hui, Tom est un garçon confiant qui n'a plus besoin de counseling en santé mentale pour sa dysphorie corporelle. Il ne prend plus de médicaments pour sa dépression et il n’a plus besoin de perdre une demi-heure tous les matins à poser et à retirer le ruban adhésif de sa peau irritée tous les soirs. »

Cependant, Fearman note qu’en dépit de sa réussite, l’expérience de Tom a nécessité beaucoup d’argent et de patience – sans oublier le fait d’avoir dû naviguer le système de santé de plusieurs provinces.

Pour alléger ce fardeau, l’ensemble des témoins ont souligné l’importance pour le personnel médical et de soutien de savoir utiliser les pronoms corrects, les noms d’usage et la terminologie courante – et de faire de la diversité sexuelle et de genre une composante de la formation médicale au Canada.

Pour entendre le témoignage de tous les intervenants lors de cette séance (n ° 141 HESA - Comité permanent de la santé), consulter les preuves ou lire le procès-verbal, visitez les liens ci-dessous vers la page web HESA : 
 
À titre personnel
• Dr. Tinus Wasserfall, médecin de famille, Spectrum Health
Diversity ED
• Crystal Fach, cofondatrice
Kelowna Pride Society
• Dustyn Baulkham, directeur général
Pflag Canada
• Loretta Fearman, responsable de section régionale, Comté Barrie-Simcoe
 
     
 

Listen on ParlVU  -  Témoignages  -  Procès-verbal

 

Available in english.

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À propos du CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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