Avec son annonce irresponsable de la semaine dernière, l’Alberta a gagné la palme des pires lois anti-trans qui se propagent actuellement au Canada et aux États-Unis.
La première ministre de l’Alberta, Danielle Smith, a annoncé des changements politiques radicaux qui forceront les élèves trans à cacher leur véritable identité et qui restreindront les choix de soins de santé des jeunes trans et de leurs familles. Le gouvernement est également déterminé à priver les élèves d’une éducation à la santé sexuelle pourtant essentielle et fondée sur des données probantes.
Ces politiques, catastrophiques en soi, représentent en outre une menace existentielle à l’inclusion et aux droits des personnes 2S/LGBTQIA+, ainsi qu’à la santé et aux droits sexuels et reproductifs dans leur ensemble.
Depuis que les batailles pour l’inclusion queer et l’éducation sexuelle en milieu scolaire ont été durement gagnées dans les années 1990 et au début des années 2000, les adeptes du conservatisme social ont mis tous leurs efforts à trouver un nouvel angle d’attaque pour faire passer leurs idéologies et leurs projets politiques. Et voilà, l’offensive conservatrice a trouvé sa nouvelle approche : celle des « droits parentaux ». Ce slogan laisse entendre que le corps enseignant cache des secrets aux parents, que les écoles prônent insidieusement leur idéologie de genre et que les enfants et les jeunes subissent des interventions médicales dangereuses.
Examinées de près, les propositions de l’Alberta s’avèrent les signes précurseurs d’autres projets politiques terrifiants. Par exemple, si le gouvernement actuel peut s’immiscer dans les services de santé destinés aux jeunes trans, de quoi les gouvernements futurs se mêleront-ils? Les politiques de « consentement parental et d’avis aux parents » ouvrent la voie à des restrictions sur l’accès des jeunes à l’avortement, par exemple. L’obligation d’avertir les parents pour fournir des services d’avortement aux personnes mineures constituerait une grave restriction des droits et libertés des jeunes et créerait encore plus d’obstacles à l’accès à l’avortement.
Tout aussi inquiétante est l’obligation pour les parents d’inscrire leurs enfants à chaque cours d’éducation sexuelle donné à l’école. Des milliers de jeunes se verront ainsi refuser l’accès à une éducation fondée sur des données probantes en matière de relations saines, de consentement, de santé sexuelle et de diversité sexuelle et de genre. Sans accès à cette éducation, les taux de violence sexuelle, de maladies sexuellement transmissibles et d’intimidation des élèves queers, entre autres, augmenteront immanquablement.
Enfin, en forçant les élèves trans à cacher leur identité à l’école à moins d’avoir une permission parentale, on sous-entend que les identités trans sont problématiques ou dangereuses. La prochaine étape sera d’exiger le consentement des parents pour toute participation à des alliances queer-hétéro, ou pour tout dévoilement de son identité gaie à l’école.
Abstraction faite des potentiels dangers ultérieurs, tout le monde devrait s’inquiéter de l’ingérence du gouvernement dans les questions de genre, de sexualité et de soins de santé, au mépris des preuves scientifiques, des bonnes pratiques avérées et des directives cliniques. Si les gouvernements peuvent s’immiscer dans des domaines complexes sans se soucier de la science, cela crée un sinistre précédent qui laisse présager d’autres ingérences idéologiques ou politiques dans bien des aspects de nos vies.
Aujourd’hui en Alberta, ce sont la liberté, les droits et la santé des jeunes trans qui sont en jeu – et bien d’autres choses encore. Pour toutes ces raisons, il s’agit d’un précédent que nous ne pouvons pas laisser passer.
C’est pourquoi mon équipe de la Society of Queer Momentum met tout en œuvre pour étouffer dans l’œuf ces politiques. Nous nous retroussons les manches, aux côtés d’activistes, d’allié·e·s, de parents et de jeunes de partout en Alberta, mais nous avons besoin d’aide.
Dans les prochains jours, nous lancerons une campagne pour inciter tout le monde au Canada à prendre la parole. Si vous souhaitez ajouter votre voix à nos efforts de défense des droits et vous tenir au courant de nos prochains appels à l’action, inscrivez-vous à notre liste de diffusion sur www.momentumcanada.net/join.
Par Fae Johnstone