Pour lancer le sondage pancanadien 2SLGBTQQIA+ sur la COVID-19, nous avons questionné plusieurs personnes queer et trans sur les façons dont elles et leurs communautés ont été affectées par la pandémie. Lisez l'histoire de Jaye Garcia ci-dessous!
Jaye Garcia sur le fait de déménager dans une nouvelle ville
Bien qu’iel soit déménagé à Toronto en 2020 afin d’effectuer des études supérieures, Jaye Garcia n'a jamais mis les pieds sur le campus de l'Université York. Au lieu d'étudier à la bibliothèque, de rencontrer d'autres étudiants dans des cafés et de participer à la vie universitaire, iel se contente de travailler à la maison. « Cela a nécessité une adaptation et je suis encore déçu·e », dit-iel. « La pandémie met en perspective le fait que l'on ne peut gérer son avenir qu'au jour le jour ou qu’année en année », mais Jaye demeure convaincu·e que son choix de faire carrière dans le domaine du travail social s’avérera bénéfique, car la pandémie favorise les discussions sur le renforcement communautaire et le bien-être des gens.
Même si les cours se donnent en ligne, Jaye a décidé de quitter Edmonton pour se rapprocher de son université. « J’avais l'impression que ma vie m'emmenait loin de l'Alberta, mais le fait d’avoir dû dire au revoir à des membres vraiment importants de ma famille choisie a été dur. » Pour pouvoir respecter les restrictions liées à la COVID-19, iel a dû être stratégique quant aux individus auxquels iel disait au revoir en personne et n’a pas pu terminer ce chapitre de sa vie de façon formelle sans réunions, d’accolades et de fêtes de départ en personne. « Je me suis fait.e à l’idée », dit-iel, « mais c’était complexe comme processus. »
Le traumatisme découlant d’un passé ponctué d’agressions sexuelles et de violence domestique que Jaye éprouvait déjà a été exacerbé par la pandémie et un diagnostic récent de TDAH adulte. Bien que ce diagnostic ait permis d’expliquer beaucoup de choses pour Jaye, le fait de s'adapter à l'isolement et aux exigences des études à distance a beaucoup aggravé ses enjeux de santé mentale et d’estime de soi. « C’est dur de ne pas dramatiser, mais les drames semblent si réels et si pénibles. Je sais à quel point c’est facile pour quelqu'un comme moi d’avoir une prise de conscience en pleine pandémie et d’avoir l’impression que tout est perdu. » Par conséquent, Jaye se tourne vers l'amitié. Après avoir déménagé à l'autre bout du pays, « je ne pensais pas que le fait de pouvoir appeler un ami de mon ancienne ville m’apporterait tant de joie. Cet appel comptait beaucoup pour moi. »
« Nous sommes tous trop durs envers nous-mêmes", dit Jaye, qui se donne le défi d’être plus honnête et de moins s’en faire quant aux attentes en matière de performance personnelle à une ère où les gens meurent et les hôpitaux sont débordés. Iel précise que la pandémie a également été une période de changement social sans précédent, avec plus d'élus queer et trans aux États-Unis, une meilleure représentation médiatique et de plus amples conversations sur le racisme. « Voir notre communauté prospérer et conserver cette lueur d’espoir a toujours été et continue d'être super important. » Jaye pense également que la pandémie a poussé les communautés minoritaires au-delà d'un certain seuil. « Les communautés pleurent toutes ces pertes simultanées qu’elles subissent et nous en avons tellement marre. Les cercles d'activistes queer sont prêts à dire : “Assez de cette merde!” J’en ai assez, faisons bouger les choses et entendre notre voix! »
Comment avez-vous vécu la pandémie en tant que membre de la communauté 2SLGBTQQIA+? Participez à notre enquête et partagez vos réflexions avec nous.