Au Canada, nous disposons de plus de connaissances et d’outils pour lutter contre le VIH que jamais auparavant, alors pourquoi les cas de VIH continuent-ils d’augmenter? Alors que la science et la technologie continuent d’améliorer notre réponse au VIH, comme par le biais d’outils tels que le principe I=I (indétectable égale intransmissible) et la PrEP, le financement n’a pas été bonifié en 15 ans. Depuis la dernière augmentation du financement fédéral en 2008, le nombre de personnes vivant avec le VIH au Canada a augmenté de 25 %.
Ce nombre accru de cas de VIH implique des besoins de soutien plus importants au sein des communautés déjà touchées de manière disproportionnée par le VIH, mais de nombreux programmes de prévention et de soutien risquent de fermer leurs portes en raison du sous-financement. Par conséquent, les personnes vivant avec le VIH ou à risque de le contracter ne reçoivent pas le soutien dont elles ont besoin.
Dans le cadre de la réponse fédérale au financement du VIH, nous devons aussi penser à l’équité en matière de santé. Les personnes autochtones et noires vivant au Canada sont touchées de manière disproportionnée par les nouveaux cas de VIH, et plus de la moitié des personnes séropositives sont des hommes gais, bis et queer. Sans un engagement sérieux à soutenir les personnes les plus touchées par le VIH, nous risquons d’aggraver ces inégalités.
Alors, combien le gouvernement du Canada dépense-t-il pour le VIH? Au cours des 15 dernières années, le financement a stagné à environ 73 M$ par an. Ce montant est loin de correspondre au financement recommandé par le Comité permanent de la santé de la Chambre des communes, d’abord en 2003, puis en 2019. Ce groupe formé de député·e·s de tous les partis politiques a maintenant recommandé à deux reprises que 100 M$ soient alloués chaque année à la réponse du Canada au VIH.
Après tout, mettre fin à la pandémie de VIH n’est pas qu’un simple objectif abstrait. Le gouvernement s’est engagé — tant auprès de la population canadienne que de l’ONUSIDA — à atteindre les derniers objectifs 95-95-95 d’ici 2030. Mais pour y parvenir, nous avons besoin d’un plan de financement à la hauteur des investissements nécessaires. Pour mettre les choses en perspective, la dernière fois que le Canada a bonifié le financement de sa réponse au VIH, Nokia détenait encore environ 40 % du marché des appareils mobiles et vendait des cellulaires avec 11 mégaoctets de mémoire.
Pour dénoncer l’insuffisance du financement fédéral pour le VIH au Canada, le CBRC est fier de participer à la nouvelle campagne des Défenseurs pancanadiens pour demander au gouvernement fédéral de prendre un engagement décisif avant la 24e Conférence internationale sur le sida, qui se tiendra à Montréal du 29 juillet au 2 août.
Pour en savoir plus sur la campagne et signer
une lettre de soutien, rendez-vous sur FinancementVIH.ca.
Si la limitation des ressources a restreint les services liés au VIH pendant de nombreuses années, le financement est aujourd’hui plus restreint que jamais. Dû à la pandémie de COVID-19, la crise des surdoses et les récentes éclosions de variole simienne, les organisations communautaires de lutte contre le VIH ont dû élargir leurs champs d’action. Certaines organisations ressentent une pression financière et logistique supplémentaire en raison de leurs efforts de dépistage et d’atténuation de la COVID-19, de prévention des surdoses et une gamme d’autres besoins en matière de santé communautaire.
Ces services ont également subi une pression accrue pour répondre à d’autres infections transmises sexuellement et par le sang (ITSS). À partir de 2017, le mécanisme de financement du gouvernement fédéral pour le VIH a été réorganisé dans le cadre du Fonds d’action communautaire. Cela signifie que les demandes de financement pour le VIH se sont retrouvées à faire concurrence aux demandes concernant d’autres ITSS responsables d’épidémies récentes et ayant connu une augmentation des cas, comme le VHC, la syphilis et la gonorrhée.
Comme de nombreux organismes communautaires de lutte contre le VIH sont poussés au bout de leurs limites, nous devons réagir de toute urgence. Cet été, le Canada accueillera la Conférence internationale sur le sida à Montréal, et il est temps pour nous de faire preuve de leadership en matière de VIH. Cela signifie qu’il faut fournir les ressources nécessaires aux organismes de lutte contre le VIH au Canada pour qu’ils puissent faire leur travail.
Rejoignez la campagne pour augmenter le financement du VIH au Canada, et ajoutez votre voix pour que le gouvernement fédéral comprenne que l’heure n’est pas aux promesses et aux platitudes.
Par Michael Kwag
Directeur, Transfert des connaissances et du développement des politiques