Réflexions sur la sécurité et le soutien des jeunes trans : Un survivant de la thérapie de conversion

Quand j’ai fait mon coming out en tant qu’homme trans au début de ma cinquantaine, plusieurs facteurs faisaient en sorte que je bénéficiais d’un certain privilège : ma race, mon âge, ma sécurité financière, mon milieu de travail inclusif, ma famille et mes communautés religieuses qui m’appuyaient, et mon accès à des soins d’affirmation de genre. La plupart des autres personnes issues de la diversité de genre ne sont pas aussi chanceuses.

Au cours des dernières années, plusieurs changements législatifs ont été implémentés pour promouvoir la santé, la sécurité et les droits des personnes trans, y compris le projet de loi fédéral qui interdit la thérapie de conversion en vigueur depuis 2022. Malgré ce fait, plusieurs personnes trans au Canada sont toujours confrontées à de la discrimination systémique et des enjeux sérieux en matière de santé et de bien-être. Ces derniers comprennent la thérapie de conversion trans, soit des tentatives de nier, de supprimer ou de changer l’identité ou l’expression de genre d’une personne trans. Ceci comprend le fait de refuser l’accès aux soins d’affirmation de genre, telles les hormones, les chirurgies, ou des ressources en santé mentale.

Ainsi, plusieurs personnes trans ont peur de parler à un médecin, d’aller à un hôpital, de se faire mégenrer ou de ne pas être prises au sérieux. Dans plusieurs coins du pays, nous n’avons toujours pas accès à des services de santé respectueux et sécuritaires.

Les personnes queers, trans et bispirituelles qui ont été victimes de la thérapie de conversion—que ce soit dans un contexte religieux, sanitaire, ou les deux—ont vécu des traitements cruels, inhumains et dégradants qui causent des préjudices graves et persistants à notre santé mentale. Les pratiques de thérapie de conversions nous invalident et nous pathologisent, ce qui affecte profondément notre conception de soi.

La recherche démontre que l’exposition aux thérapies de conversion a plusieurs impacts nocifs à long terme, y compris les traumatismes complexes, le stresse minoritaire, la dépression, l’anxiété, des troubles de consommation de substances, l’itinérance, des pensées suicidaires, des problèmes sexuels et relationnels, un manque d’estime de soi, l’isolement social, et bien encore. Comme l’est le cas pour plusieurs personnes 2S/LGBTQIA+, les personnes trans font face à plusieurs obstacles qui nous préviennent d’accéder aux soins de santé mentale dont nous avons besoin. Qui plus est, les pratiques de thérapie de conversion interagissent souvent avec d’autres formes d’oppression (p. ex., racisme, sexisme, capacitisme) qui nuisent à notre santé mentale.

Personne ne devrait être assujetti aux pratiques néfastes et illégales des thérapies de conversion, surtout pas les enfants et les jeunes. Aucune jeune personne ne devrait craindre que son école lui refuse du soutien ou divulgue son identité à ses parents si elle décide de partager son identité queer ou trans, ou si elle demande à un·e enseignant·e d’utiliser un nouveau nom ou différents pronoms. Ce genre de comportement met en danger la vie des jeunes trans et celle d’autres personnes issues de la diversité de genre.

Aujourd’hui, plus que jamais, il est crucial que les personnes 2S/LGBTQIA+, nos organisations communautaires et les prestataires de services affirmatifs (y compris les communautés religieuses) s’unissent pour exiger que nos gouvernements agissent dès maintenant pour protéger les droits des jeunes personnes queers, trans, et autrement issues de la diversité de genre. L’Association médicale canadienne s’est notamment prononcée en faveur de cette demande :

« L’identité sexuelle est une question de santé et toutes les mesures doivent être prises pour que tous les enfants et les jeunes puissent jouir d’une santé optimale. Explorer et déterminer son orientation sexuelle et son genre fait partie du développement normal de l’enfant et de l’adolescent. Il faut encourager cette démarche en créant des environnements sûrs dans lesquels les enfants et les jeunes peuvent s’exprimer, sans barrières, sans préjugés et sans conditions restrictives susceptibles d’entraîner des préjudices et des stigmatisations. »

Unissons nos voix pour affirmer haut et fort que l’expression de soi, y compris l’orientation sexuelle et le genre, est un droit fondamental pour toute jeune personne.

Par Jordan Sullivan

Jordan Sullivan est le coordonnateur de la prévention des TC/SOGIECE et du soutien aux survivant·e·s chez le CBRC. Vous pouvez le rejoindre à l’adresse suivante : [email protected].

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Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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