Pour lancer le sondage pancanadien 2SLGBTQQIA+ sur la COVID-19, nous avons questionné plusieurs personnes queer et trans sur les façons dont elles et leurs communautés ont été affectées par la pandémie. Lisez l'histoire de Francisco Ibanez-Carrasco ci-dessous!
Francisco Ibanez-Carrasco à propos de la stigmatisation découlant de la pandémie et de la réduction des risques
« On pourrait dire que je suis une personne sociable », dit Francisco Ibáñez-Carrasco, militant contre le sida et professeur adjoint à l'Université de Toronto. « Mes amis me manquent beaucoup. » Avant la pandémie, Francisco enseignait déjà en ligne depuis des années et se considère privilégié que sa profession lui procure maintenant une plus grande sécurité d’emploi avec la popularité grandissante de l'enseignement à distance. De nature optimiste, il croit que la proximité et la connexion sont toujours possibles en ligne, mais trouve que sa journée de travail est plus monotone sans les conversations informelles qu’il avait à son bureau de façon quotidienne. « Je me trouve quand même chanceux d'être dans une relation solide que la pandémie n’a fait que renforcer. »
Francisco reconnaît qu'à 57 ans, il a déjà eu l'occasion de faire beaucoup de choses auxquelles les hommes gais plus jeunes n’ont pas accès en ce moment. « Je ne suis pas rendu à un âge où je veux aller à une soirée, prendre de la drogue et baiser des gars. J’ai du mal à imaginer comment les gens font pour gérer ça. » La sexualité est une partie importante de l'identité gaie et de la façon dont les hommes gais se comportent, dit-il, et il a vu la pandémie engendrer une nouvelle forme de stigmatisation qui vise les gars qui continuent d’avoir des rapports sexuels. Cependant, il a également observé que les hommes gais adoptent des pratiques de réduction des méfaits telles la création de « bulles sexuelles » comprenant des partenaires qui se parlent entre eux et prennent des décisions fondées sur la confiance. Il souligne que pour tous ceux qui naviguent les risques entourant la COVID-19, la confiance et les décisions personnelles concernant ce qui est sûr ou non sont des éléments importants.
Francisco a été séropositif pour la majorité de sa vie d'adulte et est dans une relation sérodifférente. Il croit que dans certains cas, l'expérience de la communauté gaie en matière de stratégies de réduction des méfaits telles que le sérotriage et le séropositionnement a contribué à préparer les hommes gais à négocier les risques liés à la COVID-19. Toutefois, Francisco travaille avec des communautés qui ont été affectées de façon très négative et affirme que la pandémie a un impact énorme sur de nombreuses personnes vivant avec le VIH, qui éprouvent maintenant une forme d'isolement supplémentaire. Ce mois-ci, il organise une série de trois tables rondes avec des universitaires et des membres de la communauté au sujet de la consommation de substances, le VIH, ainsi que la COVID-19, où les participants peuvent parler de leurs difficultés, comme le fait de faire une désintox seul à la maison, ainsi que de la stigmatisation existante entourant la consommation au sein des communautés queer. Les personnes qui continuent de consommer des substances courent un risque plus élevé de surdose, car personne n'est sur place pour leur porter assistance. Selon Francisco, bien la COVID-19 n'a pas créé ces problèmes, elle « a aggravé les circonstances des personnes déjà défavorisées. La pandémie a fait en sorte que les enjeux qui existaient déjà sont plus évidents et plus visibles. »
Comment avez-vous vécu la pandémie en tant que membre de la communauté 2SLGBTQQIA+? Participez à notre enquête et partagez vos réflexions avec nous.
