Indétectable égale intransmissible. Ces trois mots ont une résonance énorme chez les personnes vivant avec le VIH, dont je fais partie. La science l’a démontré. Alors pourquoi ai-je toujours l’impression de devoir m’expliquer encore et encore?
Selon l’étude Sexe au présent du CBRC, les connaissances sur I=I des personnes bispirituelles et non binaires, ainsi que des hommes gais, bisexuels, queers et trans (2S/GBTQ) ont augmenté au cours des dernières années. C’est une très bonne chose! Il reste toutefois encore des lacunes, en particulier chez les personnes séronégatives qui n’utilisent pas la PrEP. Cela montre que nous avons encore du travail à faire. En effet, tout le monde devrait savoir que I=I, indépendamment de son statut sérologique, de son genre, de sa race, de son âge, etc. Tout le monde!
Pour en savoir plus sur I=I, y compris à travers des vidéos et des ressources supplémentaires
En début d’année, j’ai eu le plaisir de collaborer avec le CBRC sur des consultations auprès de membres de la communauté 2S/GBTQ vivant avec le VIH, afin de connaître leur point de vue sur I=I. Une chose était claire : I=I améliore la vie de nombreuses personnes vivant avec le VIH. Beaucoup de personnes interrogées ont déclaré que le message I=I leur avait procuré des avantages majeurs, que ce soit sur le plan de la vie sociale ou de la vie sexuelle. Personnellement, I=I a calmé mes inquiétudes lors de mes rapports sexuels et m’a permis d’assumer mon statut avec confiance.
Cependant, la stigmatisation du VIH persiste. Que ce soit parmi nos ami·e·s, les membres de notre famille, les professionnel·le·s de la santé ou même les personnes rencontrées par le biais d’applications, la stigmatisation est omniprésente et reste un obstacle majeur pour beaucoup de personnes vivant avec le VIH. Cette stigmatisation s’explique de diverses manières, notamment par les stéréotypes et l’ignorance, mais de nombreuses personnes 2S/LGBTQ+ (en particulier les personnes séronégatives) ne sont toujours pas assez informées sur I=I.
Nos consultations avec les membres de la communauté partout au Canada ont montré l’importance de continuer à communiquer sur I=I de manière interactive et captivante. Beaucoup pensent que les médias sociaux constituent le meilleur outil de communication, surtout avec la popularisation fulgurante d’applications comme TikTok pendant la pandémie de COVID-19.
Nous avons également discuté de la nécessité d’éduquer davantage le grand public sur I=I. Il faut transmettre les connaissances existantes sur I=I dans les écoles, dans la rue, ainsi que dans les bars, les bains et les cliniques. Nous devons également veiller à ce que les professionnel·le·s de la santé reçoivent l’information complète sur I=I et se chargent de faire passer le message.
Enfin, nous devons prêter attention à la manière dont nous transmettons nos connaissances sur I=I, et adapter notre discours à la culture des personnes qui nous écoutent. En bref, nous devons prendre le temps de saisir comment différentes communautés préfèrent recevoir de l’information. Le message doit correspondre à leur mode de vie. Il faut par exemple varier au besoin les langues et le vocabulaire utilisés, avoir recours à du texte ou à des aides visuelles, et placer les voix des membres des communautés auxquelles on s’adresse au centre des campagnes. Il faut respecter le bagage des personnes et les rencontrer là elles en sont. Tout le monde doit pouvoir s’I-dentif-I-er à I=I pour que le message ait le maximum d’impact sur toutes les personnes 2S/GBTQ.
Par Alex Tran