L'initiative de la CBRC pour mettre fin à l'interdiction des poppers : Quoi de neuf?

Pour la Saint-Valentin, nous vous suggérons des chandelles, de la musique d’ambiance et une bonne bouteille tout juste sortie du frigo. Et non, nous ne parlons pas de champagne.

L’automne dernier, le CBRC a lancé une campagne nationale de plaidoyer pour lutter contre l’interdiction désuète et mal informée visant les nitrites d’alkyle au Canada. Dans le cadre de cette campagne à deux parties, nous avons demandé au public de nous partager leurs expériences personnelles avec l’interdiction des poppers, et aussi d’envoyer des lettres à leur député fédéral et au ministre de la Santé pour leur demander de l’annuler. Jusqu’à présent, plus de 600 personnes ont répondu à l’appel en envoyant une lettre.

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Ces actions ont mené à des résultats tangibles, mais surprenants. Suite à notre campagne, la députée conservatrice Michelle Rempel Garner, de Calgary, a demandé à la ministre de la Santé de l’époque, Patty Hajdu, de revoir la réglementation actuelle sur les poppers, ce qui a suscité une attention médiatique considérable de nombreux médias, allant de publications queer fort appréciées jusqu’à la CBC. Des lettres similaires du NPD et du Parti libéral ont placé les poppers au cœur des débats publics, incitant plusieurs appels à l’action et faisant de ce sujet un enjeu électoral au Canada et une véritable cause célèbre que nous pouvons tous soutenir.

Pour Len Tooley, directeur de l’évaluation et de l’avancement du CBRC, maintenir un regard vers l’avenir est la meilleure façon de faire progresser les choses. « Nous nous engageons à long terme à continuer d’élaborer des stratégies et de travailler dur afin de garantir un approvisionnement en poppers sûr, accessible et équitable, car nous savons que les poppers sont importants pour la vie sexuelle de nombreuses personnes. Les gens utilisent les poppers en toute sécurité depuis des décennies et ils devraient pouvoir continuer à le faire », dit-il.

Passant de l’attention à l’action, le CBRC s’est associé au Centre sur la consommation de substances de la Colombie-Britannique et au Réseau juridique canadien VIH/sida afin de former une coalition chargée d’examiner diverses options pour garantir un approvisionnement sûr au Canada. Le groupe de travail élabore actuellement un document politique qui rappelle les engagements officiels pris par les partis fédéraux lors des dernières élections. M. Tooley insiste sur la nécessité de disposer d’un cadre complet pour servir à la fois d’outil de plaidoyer et de politique ; à ce sujet, il déclare : « Nous pensons à toutes les solutions envisageables à l’interdiction des poppers — celles-ci pourraient inclure la simple fin de l’application de l’interdiction ou bien la légalisation de cette substance au même titre que l’alcool et le cannabis — et nous souhaitons partager toutes les informations, les ressources et le langage nécessaires pour permettre aux décideurs politiques d’effectuer ce travail rapidement. »

Les membres du groupe de travail, dirigé par Cameron Schwartz, ont aussi récemment publié un article dans l’International Journal of Drug Policy intitulé « Queering poppers literature : A critical interpretive synthesis of health sciences research on alkyl nitrite use and Canadian policy ». Celui-ci fait valoir que la législation fédérale actuelle repose davantage sur des préjugés de longue date, tels que la stigmatisation des drogues, l’homophobie et l’hétéronormativité, que sur des mesures objectives d’évaluation des risques et des résultats en matière de santé.

Pour Tooley, savoir où appliquer la pression gouvernementale a été « une cible en constante évolution », mais l’élimination de la stigmatisation et des stéréotypes nuisibles a également été une pierre angulaire du travail du CBRC pour lever l’interdiction. Dès le départ, l’une des principales tactiques du CBRC pour s’attaquer de plein fouet à la stigmatisation a été de se concentrer sur le plaidoyer en faveur des poppers au sein de la communauté GBT2Q+, en recueillant les histoires des personnes affectées par leur interdiction. Par l’entremise de notre page « Racontez-nous votre histoire! », plus de 50 personnes utilisatrices de poppers de partout au Canada ont parlé de leurs expériences et des défis que pose la réglementation actuelle. Grâce à leurs histoires, le CBRC a identifié plusieurs enjeux importants pour les personnes utilisatrices de poppers au pays.

Bien que de nombreuses réponses aient mentionné le plaisir accru comme raison principale de consommer des poppers, d’autres ont également mis en évidence le rôle important des nitrites d’alkyle dans la vie sexuelle des individus et des couples, notamment au niveau de leurs relations romantiques et de l’intensification de la connexion sexuelle entre les partenaires. Un répondant a précisé « qu’ils m’aident vraiment à me détendre mentalement et physiquement […] afin d’être un meilleur partenaire passif lors des relations anales. Leur utilisation m’aide à vivre dans le moment présent et à porter plus attention aux sensations physiques ». Pour un autre, les poppers jouaient également un rôle dans leur choix de pratiques de sécurisexe, ajoutant : « Avec l’âge, je trouve qu’une petite quantité de poppers m’aide aussi à avoir et à maintenir une érection ferme, ce qui est important pour une bonne utilisation du condom. »

Toutefois, de nombreuses soumissions témoignent d’un fait inquiétant : le manque d’information concernant l’utilisation sécuritaire des poppers en raison de leur réputation en tant que substance illicite, ce qui rend les personnes qui les consomment réticentes à discuter de leur utilisation avec des professionnels de la santé. Un répondant a déclaré : « J’aimerais savoir si les poppers sont dangereux lorsqu’ils sont utilisés correctement. Il n’y a aucune information! En fait, je serais plus dissuadé de les utiliser si je savais qu’il y avait un risque ou un effet néfaste — on dirait qu’ils sont interdits simplement puisqu’ils procurent un bref sentiment d’euphorie aux utilisateurs. » Un autre participant ajoute : « J’ai la chance d’avoir un médecin de famille sensible aux réalités queer, et nous avons même pu en discuter. Mais c’est à moi qu’il incombait de lancer cette conversation, et je parie que beaucoup d’utilisateurs de poppers n’ont pas de professionnels de santé aussi réceptifs. »

« Nous devons obtenir le soutien du public et changer le discours », dit Tooley. « L’un des moyens d’y parvenir est de reconnaître l’importance des poppers pour faciliter les rapports sexuels. L’amélioration de la jouissance et du plaisir pendant les rapports sexuels est également importante. En plus de faciliter les rapports sexuels, ils contribuent aussi à prévenir la douleur et les blessures. Comme quelqu’un nous l’a dit un jour, les poppers sont le Viagara des partenaires passifs! »

En promouvant la légalisation des poppers et l’amélioration de l’étiquetage et de l’information sur la réduction des méfaits, le CBRC souhaite augmenter la qualité et la fiabilité de l’approvisionnement en poppers au Canada, tout en poursuivant la lutte contre la stigmatisation fondée sur les préjugées et en favorisant la célébration des cultures sexuelles des hommes queer.

Et en cette journée annuelle du sexe et de l’amour, cela mérite d’être célébré.

Découvrez comment vous pouvez contribuer à mettre fin à l’interdiction des poppers.

Available in English.

CBRC

À propos du CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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