L’heure est venue de lever l’interdiction des poppers au Canada
Le CBRC croit que l’interdiction actuelle visant les poppers au Canada par Santé Canada fait plus de mal que de bien en rendant difficile l'accès à un approvisionnement sécuritaire.
Utilisés par les personnes GBT2Q depuis des décennies comme moyen efficace d'avoir des rapports anaux sûrs et agréables, la possession et l'utilisation de poppers (également connus sous le nom de produits à base de nitrite d'alkyle) ont toujours été légales, mais ces derniers ne peuvent toutefois pas être vendus pour la consommation humaine. Il était toutefois possible de s'en procurer facilement en raison d'une « zone grise » juridique qui permettait de les qualifier de produits tels des odorisants ou des nettoyants pour cuir, et ce, même s'ils étaient rarement utilisés à ces fins.
En 2013, Santé Canada a commencé à appliquer l'interdiction de la vente de poppers. Compte tenu du peu de preuves de leur nocivité, les motifs de cette interdiction ne sont pas clairs. Malgré la répression, de nombreuses personnes continuent de consommer cette substance au Canada. En 2019, plus d'un quart des personnes interrogées dans le cadre du sondage pancanadien Sexe au présent du CBRC ont déclaré avoir utilisé des poppers au cours des 6 derniers mois. Les données du sondage suggèrent également qu'il n'y a pas eu de baisse appréciable de l'utilisation de poppers entre 2012 et 2017, ce qui souligne l'inefficacité de l'interdiction afin de freiner cette dernière.
Le CBRC croit que la répression actuellement exercée par Santé Canada risque d'aggraver les inégalités en matière de santé parmi les utilisateurs de poppers au pays en restreignant l'accès à des produits ayant des avantages potentiels pour la santé, et ce, tout en obligeant les Canadiens à se procurer des versions inférieures et potentiellement dangereuses de cette drogue de façon clandestine. Cette interdiction s'inscrit dans la continuité d'une politique de santé canadienne qui stigmatise les consommateurs de substances et les minorités sexuelles.
Pour en apprendre davantage
Études
- Poppers, queer sex and a Canadian crackdown: Examining the experiences of alkyl nitrite use among young sexual minority men (en anglais seulement)
-
Queering poppers literature: A critical interpretive synthesis of health sciences research on alkyl nitrite use and Canadian policy (en
anglais seulement)
Ressources
- Réponse concernant la politique de Santé Canada sur les poppers
-
Vers la régulation des poppers: Réduction des méfaits et promotion de politiques fondées sur les données probantes pour la consommation de
nitrite d'alkyle au Canada - Vapeur et miroirs : les poppers dans le contexte de la politique canadienne sur les drogues
- The Poppers Headache (en anglais seulement)
- Webinar: Poppers – The Ban on Alkyl Nitrites in Canada (en anglais seulement)
Quelques nouvelles
- Janvier 2023 — Mettre fin à la prohibition des poppers: une mise à jour
-
Février 2022 — L'initiative de la CBRC pour mettre fin à l'interdiction des poppers : Quoi de neuf?
LA VÉRITÉ SUR LES POPPERS
Les effets positifs sont légitimes
Les poppers présentent un avantage pertinent pour la santé, et ce, car ils constituent une méthode efficace afin d'avoir des rapports anaux sûrs et agréables en réduisant la douleur et les blessures (p. ex. celles causées par les déchirures anales). Il n'existe pas d'autres biens/produits thérapeutiques appropriés qui peuvent être utilisés à ces fins.
Les méfaits ont été exagérés de façon globale
Le risque de dépendance lié à l'utilisation de poppers est négligeable, car ces derniers n'ont pas d'effet psychoactif. Le risque de perte de vision lié aux poppers est relativement faible et semble être lié à une forme spécifique de cette drogue (le nitrite d'isopropyle) qui est difficile à identifier sur le marché non réglementé actuel. Les surdoses sont exceptionnellement rares, mais peuvent être traitées efficacement à l'hôpital lorsqu'elles se produisent.
Il n'existe actuellement aucun approvisionnement sécuritaire au Canada
Des études montrent qu'il n'y a pas eu de baisse significative de la consommation de poppers depuis leur interdiction. Cela signifie que les utilisateurs doivent acheter leurs poppers auprès de sources non fiables et non réglementées, ce qui peut souvent les placer dans des situations à risque. La politique actuelle du pays en matière de poppers entrave donc la capacité des personnes qui les utilisent à prendre des décisions sûres et éclairées concernant leur santé.
La réglementation actuelle est plus susceptible d'augmenter les risques que de contribuer à leur diminution
Même s'il est possible de minimiser les risques liés aux poppers (en améliorant l'étiquetage et l'emballage et en sensibilisant les gens à la réduction des méfaits), Santé Canada ne poursuit pas ces avenues. Dans certains cas, des drogues plus dangereuses (y compris d'autres substances consommées par inhalation) sont substituées lorsque l'accès à un approvisionnement sécuritaire est restreint. De nombreuses preuves démontrent que les interdictions de substances contrôlées nuisent souvent à la santé en forçant les consommateurs à se procurer des produits auprès de sources illégales et non réglementées qui ne sont ni fiables ni sécuritaires.
L'interdiction des poppers a été annulée dans d'autres pays
Les effets des poppers ont récemment fait l'objet d'un examen approfondi en France (2013), en Australie (2019), au Royaume-Uni (2020) et en Nouvelle-Zélande (2020). Ces quatre pays ont finalement décidé de ne pas les interdire, ce qui fait de la politique canadienne concernant les poppers la plus restrictive de tous ces pays.
CE QUI DOIT ÊTRE FAIT
Il est temps de mettre fin à l'interdiction de la vente de poppers par Santé Canada afin de permettre aux Canadiens d'accéder à un approvisionnement sécuritaire. Il faut revoir la position de Santé Canada afin de répondre correctement aux besoins des utilisateurs de poppers en matière de santé, notamment en évaluant les preuves scientifiques existantes sur les avantages et les méfaits de cette substance, et en consultant les membres de cette communauté en bonne et due forme. Les efforts de santé publique doivent également améliorer les messages sur les poppers destinés aux personnes qui les utilisent, et ces messages doivent adresser à la fois les avantages potentiels de ces drogues et la façon de réduire ou de prévenir les problèmes de santé potentiels qui y sont associés. Des recherches supplémentaires sont nécessaires sur les impacts – tant positifs que négatifs – des poppers sur la santé des personnes qui les utilisent.
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