Réagir à la variole simienne : Une mise à jour pour nos communautés

Au cours des dernières semaines, des éclosions de variole simienne – un virus apparenté à la variole, mais de nature moins grave – ont été identifiées au Canada et dans de nombreux autres pays, souvent chez des hommes gais, bisexuels et queer (GBQ).

La raison pour laquelle une si grande partie de ces cas ont été recensés auprès d’hommes GBQ n’est pas entièrement comprise. Les identités trans, non binaires et bispirituelles sont rarement, voire jamais, prises en compte dans un contexte de surveillance de la santé publique, et il est possible que la communauté 2SLGBTQ+ soit tout aussi susceptible d’éprouver des éclosions de variole simienne que les hommes GBQ.

Bien qu’elle ne soit pas nécessairement transmise sexuellement, la variole simienne peut se propager par des gouttelettes respiratoires, par un contact physique prolongé, y compris tout contact sexuel, avec une personne porteuse du virus (en particulier si celle-ci présente des lésions actives), ou par le partage de vêtements ou de literie qui sont entrés en contact avec les fluides corporels ou les lésions d’une personne porteuse du virus. La transmission peut se produire au sein des réseaux communautaires et sexuels des hommes GBQ, mais ne découle pas nécessairement de comportements particuliers comme le sexe anal.

Il est également possible que les cas recensés chez les hommes GBQ aient été détectés de manière précoce puisque les hommes GBQ sont plus susceptibles d’accéder aux services de santé sexuelle. L’éruption cutanée causée par la variole simienne peut ressembler à celle de la syphilis, ce qui signifie que le dépistage des ITS pourrait permettre un diagnostic plus précoce de la variole simienne.

À mesure que nous en apprenons davantage sur ces éclosions de variole simienne, il est important que nous en connaissions les symptômes, ce qui inclut des symptômes ressemblant à la grippe, suivis d’une éruption cutanée qui se transforme en cloques. Nous devons nous rappeler qu’il ne s’agit pas d’un nouveau virus et que des traitements et des vaccins prometteurs sont disponibles. Les vaccins antivarioliques fonctionnent contre la variole simienne et les médicaments antiviraux sont également efficaces contre l’infection. Les responsables de la santé publique de Montréal ont déjà commencé à administrer des vaccins afin de contrôler la propagation du virus dans cette ville.

Bien que les experts soient préoccupés par les récentes éclosions en Europe et en Amérique du Nord, des cas et des épidémies de variole simienne sont déjà survenus dans plusieurs pays, dont la République centrafricaine, le Cameroun et le Nigéria. Les cas en dehors de l’Afrique centrale et de l’Ouest ont été très rares et ces nouvelles éclosions sont très inhabituelles, car elles ne sont pas liées à des voyages récents dans des pays où ce virus est endémique.

Il est trop tôt pour dire si les nouveaux scénarios de transmission sont liés à une nouvelle variante de la variole simienne. Les premiers tests génomiques suggèrent que les éclosions récentes sont plus étroitement associées à des variantes provenant d’Afrique de l’Ouest, qui sont également connues pour avoir des taux de mortalité plus faibles et/ou associées à une morbidité ou des symptômes moins importants.

Si vous pensez avoir été exposé·e à la variole simienne, envisagez de limiter les contacts étroits avec d’autres personnes et demeurez à l’affût des symptômes, qui peuvent inclure de la fièvre, des douleurs musculaires et une éruption cutanée se transformant en cloques. Si vous craignez d’avoir des symptômes liés à la variole simienne, vous pouvez également contacter votre unité de santé publique locale.
Pour les personnes vivant avec le VIH, les directives actuelles ne suggèrent pas que des mesures spécifiques soient nécessaires pour prévenir l’infection à la variole simienne. Toutefois, les personnes immunodéprimées sont plus susceptibles de contracter une maladie grave si elles sont exposées au virus.

Nous en saurons davantage dans les jours et les semaines qui suivent. Ces connaissances nous permettront d’élaborer des directives et des ressources plus claires pour nos communautés. Nous avons toujours plusieurs questions sur les symptômes et la transmission du virus qui nécessitent plus de recherche. À mesure que nous recueillons ces données, les recommandations de santé publique risquent de changer. Pour l’instant, nous devons continuer de surveiller la situation et réagir rapidement à tout symptôme inquiétant.

La réponse de santé publique doit également inclure un soutien financier et de logement, surtout en ce qui concerne l’auto-isolement. Compte tenu des incertitudes entourant la durée de la contagiosité, certaines personnes pourraient devoir s’auto-isoler pendant plusieurs semaines.

Cette situation nous présente l’occasion d’appliquer les leçons que nous avons apprises lors de la pandémie de COVID-19, à savoir que le revenu, le logement et les soutiens sociaux sont des éléments essentiels d’une stratégie de santé publique efficace et équitable. Nous ne pouvons pas nous permettre de fermer les yeux sur les conditions de logement et de revenu dans lesquelles se trouvent les personnes touchées par la variole simienne et simplement espérer que tout le monde puisse respecter les consignes de santé publique de la même façon.

Outre le besoin d’adresser les déterminants sociaux tels que le revenu et le logement, la prévention et la lutte contre la stigmatisation associée à la variole simienne doivent être priorisées pour que les personnes susceptibles d’être exposées au virus se sentent à l’aise pour accéder aux soins et au soutien nécessaires. L’utilisation par les médias d’images de stock de cas de variole simienne provenant d’Afrique a été fortement critiquée pour avoir renforcé les stéréotypes racistes et ignorants sur les communautés noires, africaines et caribéennes, tout en dressant un portrait erroné des éclosions récentes en Europe et en Amérique du Nord.

Les responsables cliniques et de la santé publique doivent collaborer avec les communautés touchées pour lutter contre la stigmatisation associée à toutes les maladies infectieuses, qu’il s’agisse de la variole simienne, de la COVID-19 ou du VIH. Toute personne peut contracter ou transmettre la variole simienne, et ce, indépendamment de sa sexualité, de sa race ou de son identité de genre. Il est important d’affirmer que le fait de contracter la variole simienne n’est la faute de personne.

Par Michael Kwag

Michael Kwag est le directeur du transfert des connaissances et du développement des politiques chez le CBRC.

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CBRC

À propos de CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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