Le mois dernier, l’équipe bispirituelle du CBRC a lancé le projet de sacs-médecine, un projet de recherche réalisé par et pour la communauté autochtone bispirituelle, queer et trans dans le but de créer d’autres voies d’accès aux ressources de dépistage et de santé sexuelle en Colombie-Britannique.
Dans le cadre du programme pilote, l’équipe bispirituelle a recruté neuf messager·ère·s de confiance pour aider à fournir aux membres de la communauté bispirituelle et autochtone des ressources, des outils et des renseignements — autant autochtones qu’occidentaux — sur la santé sexuelle. Dans le cadre de la Journée nationale des peuples autochtones, nous avons demandé à plusieurs de ces messager·ère·s de confiance de nous expliquer le sens qu’iels donnent à leur travail.
Siyothlewot / Brooke Bobb-Reid
Stó:lō|Nlaka’pamux
Messagère de confiance, Salish du Fraser
« C’est un honneur de faire partie de l’équipe bispirituelle. Lorsque j’ai découvert cette opportunité d’apprendre et d’évoluer dans un contexte de santé, de guérison, d’éducation et de sensibilisation — et de le faire aux côtés de personnes bispirituelles de l’Île de la Tortue — j’ai été émerveillée. Quel groupe passionné de personnes fortes partageant une même vision de compassion! En tant que doula qui championne nos besoins communautaires, j’ai le sentiment qu’être une messagère de confiance fait partie de ma vocation en tant que femme autochtone. Nous, personnes autochtones, avons vécu des traumatismes, de la stigmatisation et des difficultés insurmontables, et nous avons été réduites au silence pendant trop longtemps. Le projet de sacs-médecine nous permet de nous lever et de faire entendre notre voix, tout en nous réappropriant lentement ce mode de vie qui a toujours fait partie de notre identité en tant que Xwèlmexw.
Ce travail est incroyablement important, car il combine les méthodes de guérison traditionnelles et modernes pour favoriser l’unité et la solidarité, tout en offrant aux personnes autochtones l’autonomie nécessaire pour faire des choix éclairés en toute confiance à propos de leur santé et partager ce message avec leurs proches. J’espère que le projet de sacs-médecine remettra en question le système dominant et comblera le fossé en matière de santé, en plus d’atténuer la honte, la stigmatisation et la peur tout en favorisant la croissance et la durabilité des pratiques, de la sensibilisation et des services de santé sexuelle pour notre population par le biais de la vérité et la guérison. »
Ryan O’Toole
Gisbuutwada (clan de l’épaulard), nation Gitxaala
Ascendance coloniale irlandaise et française
Messager de confiance, région du nord
« J’accorde beaucoup d’importance à mon rôle de messager de confiance. La formation que nous avons suivie pour ce poste mettait l’accent sur un aspect culturel que je n’avais pas prévu lorsque j’ai décidé de postuler. Le fait de savoir que je suis responsable d’un sac-médecine qui apportera un soutien à mes pairs autochtones à travers la province m’aide à m’approprier ma véritable identité en tant que personne autochtone dans un pays colonial qui a cherché à nous priver de cette dernière. Je suis très fier de mon rôle et je sais que le sac-médecine offrira une autre façon de comprendre notre santé sexuelle que celle proposée par les services médicaux traditionnels. J’espère que ce projet pourra nous servir de tremplin afin de redécouvrir notre propre compréhension de notre sexualité en tant que personnes autochtones. Le fossé qui sépare notre situation actuelle de celle d’avant semble béant et rempli de honte, de désinformation et de stigmatisation. Nous avons la possibilité de célébrer cette ouverture traditionnelle qui est la nôtre en acceptant les membres de nos nations et de nos tribus tels qu’iels sont et indépendamment des personnes avec qui iels partagent leur intimité. »
Emma Ronayne
Messagère de confiance, région de l’île
« Participer à ce travail en tant que messagère de confiance pour le projet de sacs-médecine de l’équipe bispirituelle a été un grand honneur. Je suis reconnaissante d’avoir eu l’occasion d’en apprendre autant tout en faisant un travail si important. Ce projet est essentiel, car il démontre qu’une approche autochtone de la santé fonctionne mieux pour les personnes autochtones. Je pense qu’une approche autochtone est la meilleure pour contribuer à la décolonisation des soins de santé et à l’amélioration de l’équité en matière de santé au Canada. J’estime que mon rôle est important et que l’impact que nous avons en tant qu’équipe de messager·ère·s est palpable. Le fait d’entrer en contact avec des organisations et des personnes intéressées par le projet de sacs-médecine me rend heureuse, car nous aidons les membres de la communauté à accéder à des ressources importantes et culturellement sûres en matière de santé sexuelle. Pour l’avenir, j’espère voir ce projet s’étendre à l’échelle du pays pour rejoindre davantage de personnes et servir d’exemple à d’autres initiatives de recherche et approches des soins de santé dirigées par des personnes autochtones. »
Daniel Sands
Ascendance nehiyo et européenne
Messager de confiance, Island Health
« Mon implication dans le projet de sacs-médecine en tant que messager de confiance m’a permis d’allier ma vie personnelle et professionnelle d’une manière très significative. Je faisais également partie du comité d’orientation bispirituel qui a eu l’idée pour le projet; lorsque je sors un sac-médecine, je suis très fier de ce que nous avons accompli. J’ai mon propre sac-médecine depuis des années — il est rempli d’objets significatifs tels que des herbes de purification et un tissu qui m’a été donné par un ami. J’aime que notre sac-médecine bispirituel emploie les méthodes traditionnelles et les adapte au contexte présent en incluant du matériel de santé sexuelle. C’est important, car le système colonial a fait de la sexualité quelque chose de honteux : il a créé le système de genre binaire et a perturbé les façons de faire des peuples autochtones. Il a également conduit les populations autochtones à être touchées de manière disproportionnée par le VIH. Il est très important que les personnes autochtones puissent accéder à des trousses d’autodépistage du VIH et des tests de goutte de sang séché afin qu’elles ne soient pas confrontées au racisme du système de santé ou à des obstacles continus au dépistage. J’espère que ce projet pilote fera ses preuves et que nous pourrons le proposer aux personnes autochtones de toute l’Île de la Tortue ainsi qu’aux gens de moins de 18 ans, et ce, afin de normaliser le dépistage pour qu’il devienne une autre composante des autosoins. Je veux que nous, personnes bispirituelles, reprenions nos rôles traditionnels, connaissions notre statut sérologique et vivions ensemble dans une communauté saine et prospère, où tout le monde connaît son statut sérologique et où cela n’est pas un problème. »
William Flett
Nation Haïda
Messager de confiance, Région côtière de Vancouver
« Environ un an après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai appris ma séropositivité. Si j’avais eu quelque chose comme ce sac-médecine dans ma vie, qui m’aurait offert une certaine éducation et une déstigmatisation culturelle du VIH et de la santé sexuelle, j’aurais été beaucoup mieux placé pour gérer les effets mentaux et émotionnels de ce diagnostic. En tant que messager, l’une de mes priorités a été d’entrer en contact avec des éducateurs autochtones dans les écoles secondaires (même si je sais très bien que de nombreuses personnes qui terminent leurs études secondaires n’ont pas encore 18 ans et ne peuvent malheureusement pas commander de sacs-médecine). La remise des diplômes aurait été le moment idéal pour moi de recevoir un sac-médecine du genre, alors j’ai voulu donner cette opportunité à des jeunes. »
Pour communiquer avec les messager·ère·s de confiance, envoyez un courriel à l’adresse [email protected].
Cliquez ici pour en savoir plus sur le projet de sacs-médecine.