International AIDS Society : réflexions sur la Conférence internationale sur le sida de 2022

La Conférence internationale sur le sida avait lieu à Montréal le mois dernier. Plusieurs membres du personnel du Centre de recherche communautaire (CBRC) y étaient pour présenter notre travail, tisser des liens et demander davantage de ressources et d’aide pour nos communautés.

Voici ce que certains des membres participant·e·s de notre équipe avaient à dire sur l’expérience :

« J’ai vécu huit journées bien remplies consacrées à l’apprentissage, l’amour, la force, la création de liens et l’émergence d’une nouvelle famille. Du premier jour de la préconférence autochtone aux cérémonies de clôture, j’ai eu plusieurs moments de profonde réflexion sur mon rôle actuel dans le travail sur le VIH et sur la suite des choses. L’équipe bispirituelle a pu présenter le projet de Medecine Bundle à des gens de partout dans le monde et a reçu une abondance d’amour et de soutien en retour. Dans l’ensemble, j’ai trouvé les séances très pertinentes, mais ce sont les liens tissés entre les séances et dans le Village global qui ont changé ma vie. »

Jessy Dame, gestionnaire du programme bispirituel

unnamed.jpegLégende : Jessy Dame, Martin Morberg et Lane Bonertz, membres de l’équipe bispirituelle.

« Les délégué·e·s, les conférenciers et les conférencières ont montré que les problèmes canadiens quant au dépistage du VIH, à la prévention et aux soins existent aussi dans la plupart des pays. Même si notre travail en matière d’autodépistage et d’autoprélèvement pour le VIH et d’autres ITSS est plus avancé à certains égards, par l’implication communautaire par exemple, il accuse un retard sous d’autres aspects (beaucoup de pays ont des programmes nationaux). L’expérience a solidifié ma conscience du besoin d’équité mondiale pour stopper la propagation des maladies infectieuses. Malheureusement, nous n’avons pas pu profiter de l’expertise d’un grand nombre de délégué·e·s d’autres pays en raison de refus de visa honteux de la part des représentant·e·s du gouvernement canadien. Nous avons besoin d’équité, qu’il s’agisse du VIH, de la variole simienne ou de la COVID-19. »

Chris Draenos, gestionnaire de l’implémentation pancanadienne du dépistage du VIH et des ITSS et de l’accès aux soins


« Nos travaux de recherche sur les tendances I=I dans le cadre du projet Sexe au présent ont reçu le prix IAS/ANRS Lange/van Tongeren pour les jeunes chercheurs et chercheuses, catégorie E d’AIDS 2022, qui récompense le meilleur résumé d’article en science de la mise en œuvre! C’était très précieux de voir Sexe au présent mis à l’honneur sur la scène internationale, d’autant qu’au même moment, notre équipe était sur le terrain, occupée à recueillir des données pour la prochaine étape du projet. Notre travail et notre équipe ne s’arrêtent jamais! Par ailleurs, c’était génial que nos associés de recherche Kiffer Card et Rusty Souleymanov fassent partie des quatre universitaires en début de carrière invité·e·s au symposium des Instituts de recherche en santé du Canada. Le CBRC était bien présent tout au long de cette rencontre, de manière à la fois implicite et explicite. On ne s’en rend pas forcément compte, mais la Conférence est le plus vaste et le plus prestigieux rassemblement au monde en matière de recherche sur le VIH. Notre présence à cet événement est donc signe du talent de l’équipe ainsi que de la pertinence et des retombées formidables de notre travail, non seulement au Canada, mais aussi à l’étranger. »

Nathan Lachowsky, directeur de recherche et chercheur principal dans le cadre du sondage Sexe au présent

IMG_3229.JPGLégende : L’équipe de recherche de Sexe au présent recueille des données à Montréal en 2022.

« C’était un privilège et une véritable expérience d’affirmation de présenter le projet de Medecine Bundle à d’autres personnes impliquées dans le dépistage, le traitement et la prévention du VIH lors de la préconférence autochtone et dans le Village global. Après une longue période d’isolement, l’énergie qui a rempli l’espace était bienvenue. Les séances étaient instructives, mais ce qui m’a frappé, c’est que souvent, les chiffres et les statistiques ne suffisent pas à rendre compte de la réalité des gens et de leur expérience. C’est lors des rencontres individuelles plus discrètes, en écoutant et en découvrant les motivations des gens, que j’ai le plus appris. Un effort conscient et constant d’inclusion des Autochtones dans ces espaces doit être fait, particulièrement lorsqu’une occasion de collaboration offrant un tel potentiel d’expansion mondiale est mise en œuvre sur l’Île de la Tortue. Permettre aux plaidoyers et au militantisme d’émerger des forces de nos communautés est essentiel à l’atteinte de nos objectifs, notamment la vision d’ONUSIDA, qui entend stopper l’épidémie de sida d’ici 2030. Les manifestations qui ont eu lieu étaient très touchantes et ont clairement montré que de nombreuses voix militantes manquent encore au dialogue. Ces voix doivent être portées, entendues et prises au sérieux. »

Lane Bonertz, responsable du programme bispirituel


« Assister à ma première conférence internationale sur le sida en tant que conférencier a été la réalisation d’un rêve pour moi. Comme je travaille dans le secteur depuis près de deux décennies, ça m’a paru comme une éternité. »

« C’est évident, AIDS 2022 a eu droit à son lot de problématiques. Les nombreux retards et refus dans la délivrance de visas et la quasi-absence de nos politicien·ne·s à la séance d’ouverture a bien démontré que le Canada n’a pas rempli son devoir en tant qu’hôte de cet évènement important. Malgré tout, ce fut une opportunité exceptionnelle pour les leaders communautaires, les chercheur·euse·s et les activistes, du Canada et de partout dans le monde. Ces personnes ont pu partager leurs travaux et ont participé à la création d’un espace d’apprentissage merveilleux où des réseaux et des relations se sont créés. Le moment le plus inspirant pour moi a été les différentes manifestations organisées par les activistes tout au long de l’évènement. Du début à la fin, iels sont monté·e·s sur scène à des moments précis et significatifs pour exiger une meilleure réponse, un engagement ferme et la mise en place de solutions de la part des gouvernements, des compagnies pharmaceutiques et des chercheur·euse·s. Iels exigent que les voix et les besoins des communautés les plus affectées par le VIH et les maladies infectieuses soient entendus. »

« Participer à la manifestation d'appel à l'action contre la variole simienne m’a beaucoup stimulé ! Ce fut un important moment de solidarité qui rappelait le besoin criant que soit établi un plan d’action à l’échelle mondiale. C’était aussi une dénonciation de l’inaction des pays riches (dont le Canada) devant la pénurie de vaccins, de l’absence de soutien aux personnes infectées et surtout, des inégalités vécues par les pays et les communautés d’Afrique qui vivent avec ce virus depuis plus de 50 ans. Oui, le Canada a déployé des vaccins rapidement pour les communautés les plus touchées par la variole simienne. Par contre, on passe sous silence l’épreuve stigmatisante que les personnes infectées traversent, leur douleur, la perte de revenu, l’isolement, etc. Nous devons soutenir les personnes infectées au Canada, et partout dans le monde, avec beaucoup de compassion. »

Michael Kwag, directeur du transfert des connaissances et du développement de politiques

FZFaR2jXwAA-QwN.jpegLégende : Manifestation d’appel à l’action contre la variole simienne à la conférence internationale sur le sida. Michael Kwag est le premier à gauche. Photo prise par Liz Highleyman, Twitter (@LizHighleyman)

Available in English.

CBRC

À propos de CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
International AIDS Society : réflexions sur la Conférence internationale sur le sida de 2022
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