Notre Communauté : Sandra Carbone

Chaque mois, nous discutons avec une personne qui travaille avec le CBRC d’une façon ou d’une autre et nous vous partageons cette discussion dans l’infolettre Le bilan. Consultez l’article du mois de avril sur un·e membre de nos communautés en cliquant ici.Vous n’êtes pas inscrit·e? Abonnez-vous à l’infolettre en cliquant ici.


Sandra Carbone (elle) est membre du comité consultatif de la Coalition créée par le CBRC dans le cadre de son projet financé par le Fonds d’action intersectoriel. Ce projet vise à établir une coalition nationale ayant pour mission de mettre fin aux pratiques de conversion au Canada. Sandra est également membre du conseil d’administration de la Fondation Émergence, une organisation québécoise dédiée à la sensibilisation, l’éducation et la défense des droits des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre.

Fille de pasteur, Sandra a grandi dans une famille chrétienne évangélique. Son père était connu pour animer des émissions de télévision et de radio qui clamaient que les personnes queers pouvaient être « guéries », ainsi que pour avoir dirigé un groupe de « thérapie » de conversion. Élevée dans un tel environnement, Sandra a gardé le silence sur son homosexualité et a passé son adolescence à prier pour être « guérie ». Après avoir acquis son autonomie financière, elle a décidé de faire son coming out. Sa communauté l’a alors rejetée. 

« Plus personne de mon passé ne voulait m’adresser la parole, alors j’ai simplement essayé d’avoir la meilleure vie possible », confie Sandra. En quittant sa communauté, elle a fini par trouver une partenaire et a fondé une famille. « C’est quand j’ai eu des enfants que je me suis réveillée, dit-elle. J’ai réalisé que j’avais la responsabilité de faire résonner une autre voix dans le monde. » Face à l’homophobie, la transphobie et les idées néfastes sur l’efficacité supposée des pratiques de conversion propagées par son père et d’autres personnalités religieuses, Sandra s’est sentie obligée de faire tout autant de bruit.

C’est dans cette optique qu’elle a participé au documentaire Gai(e), tu ne seras point, disponible sur Crave, qui explore les séquelles des thérapies de conversion sur les victimes. Les cinéastes ont tenté d’obtenir un témoignage de la part de son père; bien que celui-ci n’ait pas accepté de participer, à la fin du film figure un commentaire de son Église affirmant que la thérapie de conversion va à l’encontre de ses valeurs. Selon Sandra, il s’agit d’un pas dans la bonne direction. 

Sandra dénonce ouvertement depuis de nombreuses années les méfaits des pratiques de conversion. Il y a environ un an, son père l’a invitée à prendre un café et à discuter. « J’y suis allée, car je me suis dit que si chaque personne restait dans son coin, on n’avancerait jamais », raconte-t-elle. Cette décision ne fut pas facile à prendre, mais Sandra s’en est sentie capable. « J’ai donc entamé un processus ardu de dialogue. Les choses étaient loin d’être parfaites, mais nos conversations ont certainement porté leurs fruits. J’ai été très heureuse de lire l’annonce publique des chefs de l’Église qui reconnaît que la thérapie de conversion ne représente pas les valeurs chrétiennes. » 

Sandra continue d’exprimer ses préoccupations au sujet des pratiques de conversion et d’aller prendre des cafés avec son père pour poursuivre la discussion. « Tout ce travail m’aide à réaliser le chemin parcouru, explique-t-elle. Pendant mon adolescence, je ne voyais pas la lumière au bout du tunnel. Il me semblait impossible de voir les choses évoluer, d’autant que j’étais entourée d’adultes à qui je ne pouvais pas me confier en toute sécurité. » Aujourd’hui adulte, elle ressent beaucoup plus d’empathie envers les autres, quels que soient leurs progrès et leurs sentiments à l’égard des communautés 2S/LGBTQIA+.

À titre de membre du comité consultatif de la Coalition créée par le CBRC, Sandra estime qu’il est essentiel de continuer à faire entendre les opinions opposées aux pratiques de conversion. « C’est un travail important qui nous permet de nous exprimer d’une seule voix, quelle que soit notre confession », déclare-t-elle. Pour en savoir plus sur la perspective de Sandra et celles d’autres survivant·e·s, joignez-vous à nous le 19 juin à l’occasion de notre webinaire intitulé Quelle est la prochaine étape dans la lutte contre les pratiques de conversion au Canada? Inscrivez-vous ici (anglais seulement).

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Photo: Sandra Carbone

« Nous pouvons tous et toutes grandir énormément si nous prenons le temps de le faire et si nous ouvrons notre cœur. »

 

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CBRC

À propos du CBRC

Le Centre de recherche communautaire (CBRC) promeut la santé des personnes issues de la diversité sexuelle et de genre par le biais de la recherche et du développement d’interventions.
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