Depuis 2021, l’équipe du programme bispirituel déploie des efforts pour faire reconnaître et proclamer l’équinoxe de printemps comme la Journée de célébration des communautés LGBTQQIA+ autochtones et de sensibilisation à la bispiritualité, une occasion annuelle d’honorer le rayonnement et la diversité des identités, des expressions et des expériences bispirituelles. Cette année encore, des événements ont été organisés à la mi-mars dans diverses communautés de l’Île de la Tortue. Des membres de l’équipe du programme bispirituel ont participé à plusieurs de ces rassemblements ou les ont animés. Nous leur avons demandé de partager leurs réflexions sur ces événements et leur signification.
Rassemblement bispirituel Wabanaki à Halifax (Nouvelle-Écosse)
Le 20 mars, Kris Reppas, coordonnateur du programme bispirituel et des opérations, a assisté au rassemblement bispirituel Wabanaki qui s’est tenu à l’hôtel Westin d’Halifax. Organisé par la Wabanaki Two-Spirit Alliance, cet événement d’une journée comprenait des ateliers interactifs, des panels, un spectacle drag, un bingo « drag et jouets sexuels », un défilé avec des personnes invitées, des séances de photos et un gala. L’événement a accueilli des personnes bispirituelles et autochtones, des membres de la communauté LGBTQQIA+ locale et des allié·e·s.
« Les panels étaient très instructifs et allaient des pratiques sexuelles sûres aux expériences des personnes trans. J’ai beaucoup apprécié le panel sur les rapports sexuels sécuritaires. C’est rare de voir notre identité autochtone et notre côté sexuel évoqués dans le même espace, et c’est encore plus rare de les voir célébrés ensemble. Scott Wabano, designer de mode, et Haley Robinson, créatrice de contenu, ont parlé de leurs expériences dans le domaine de l’éducation sexuelle et de l’influence ultérieure de celle-ci sur leur vie sexuelle. Comme l’éducation sexuelle à l’école était principalement axée sur l’abstinence, iels ont évoqué leur manque de préparation à la sexualité ⎯ en particulier à la sexualité queer. C’était très inspirant de les entendre raconter comment iels avaient géré la situation et réclamé une meilleure éducation sexuelle pour contribuer à rendre nos communautés sécuritaires.
Le défilé a aussi été un moment fort, particulièrement apprécié du public. L’équipe organisatrice a mis des succès pop, allumé des lumières de toutes les couleurs et encouragé les personnes présentes à venir se pavaner sur le podium pendant que le reste du public applaudissait. Nos tantes et nos oncles se sont mis à danser, des couples sont allés défiler ensemble, et même l’Aîné Kenny est monté sur scène pour montrer ses mouvements de danse. Ça faisait chaud au cœur de voir toutes les personnes du cercle bispirituel être réunies et avoir l’occasion de s’amuser ensemble.
Le rassemblement Wabanaki n’était qu’un événement parmi d’autres. Les personnes bispirituelles de partout sur l’Île de la Tortue ont participé à la fête. C’était fou de voir tout le monde partager des photos et des vidéos de leurs propres rassemblements sur les médias sociaux. On a vraiment ressenti la joie bispirituelle ce jour-là, et un sentiment de guérison s’est propagé bien au-delà des personnes présentes. J’étais vraiment heureux de savoir que, quelque part, un jeune bispirituel pouvait voir sa communauté faire la fête et ressentir lui aussi un peu de cette joie bispirituelle. »
Journée de célébration de la bispiritualité à Prince George (Colombie-Britannique)
Skye Wilson, adjoint·e à la recherche bispirituelle, a participé à la Journée de célébration de la bispiritualité à Prince George, le 20 mars. L’événement, qui s’est tenu au Centre de paix et de réconciliation de l’église St. Michael and All Angels, a commencé par la présentation de Not Another Second, un documentaire relatant l’histoire d’une douzaine de personnes âgées LGBTQ+. La projection était suivie d’un panel animé par des Aîné·e·s de la ville, puis l’événement s’est terminé sur des conversations informelles autour de rafraîchissements.
« La Journée de la bispiritualité à Prince George était un petit événement, ce qui est très bien, car il ne peut que grandir à l’avenir. Organisé par un collectif de la Fierté dans une église du centre-ville, l’événement comprenait un cercle de discussion animé par un Aîné bispirituel. Bien que les éditions futures pourraient bénéficier d’être davantage menées par la communauté bispirituelle, dans l’ensemble, ça a été une expérience positive et pertinente.
La visibilité en ligne de la Journée bispirituelle a été incroyable. J’ai l’impression que tous nos partenaires et toutes nos relations avaient prévu quelque chose d’important afin de pouvoir célébrer cette journée dans leurs communautés respectives. Selon mes connaissances, la Journée de la bispiritualité a été initiée par le programme bispirituel du CBRC, et il est devenu aujourd’hui un appel à l’action partout au pays. La manière dont les autres organismes et communautés se sont approprié cette initiative témoigne de la passion et de la résilience des personnes bispirituelles.
En conclusion, ces célébrations organisées par nos pair·e·s sont importantes pour moi, car elles nous rappellent l’importance de l’accessibilité et les raisons pour lesquelles nous faisons tout ce travail. C’est un privilège de contribuer à offrir un espace aux personnes bispirituelles, indigiqueers et LGBTQQIA+ autochtones, parce que c’est ce dont j’aurais eu besoin dans ma jeunesse. »
Journée de célébration des communautés LGBTQQIA+ autochtones et de sensibilisation à la bispiritualité à Vancouver (Colombie-Britannique)
Jaylene McRae, coordinatrice de la recherche bispirituelle, a animé un après-midi d’activités à The Birdhouse à Vancouver, le 21 mars. L’événement était organisé par l’équipe du programme bispirituel du CBRC. Le thème de la célébration était « l’accès », afin de souligner l’importance de l’accès aux soins de santé, à la culture et aux cérémonies pour les personnes bispirituelles et autochtones queers et trans. Guidé par l’Aînée Sheila Nyman, en collaboration avec Evan Matchett-Wong (Health Initiative for Men), l’événement comprenait une cérémonie d’ouverture, des discours d’activistes communautaires, des occasions de faire des tests de dépistage des ITSS, des activités de recherche fondées sur les arts et des discussions ouvertes à tout le monde. Jessy Dame, directeur de la promotion de la santé bispirituelle, et William Flett, coordonnateur du programme Medicine Bundle, ont également contribué activement à cette journée. Les trois nous font part de leurs réflexions collectives.
« L’événement s’est déroulé dans une atmosphère d’intimité et de recueillement. La disposition et l’installation au Birdhouse étaient parfaites. C’est un espace accessible, qui facilite la participation d’un large éventail de personnes et leurs interactions. Les différentes salles du lieu permettaient de trouver un espace intime au besoin, ce qui a contribué à mettre tout le monde à l’aise.
Toutes les personnes qui se sont présentées ont été testées, et c’était pour plusieurs d’entre elles leur première expérience de dépistage. Une personne a même été orientée vers un traitement, ce qui est toujours une excellente chose.
L’art-thérapeute Jillian Bagan a mené un atelier avec une confiance et une compétence totales. C’était vraiment inspirant d’assister au processus créatif des personnes présentes dans le cadre de la session. L’énergie créative qui régnait dans la salle était palpable. La participation de Jillian et de l’Aînée Sheila dans le même espace a été particulièrement précieuse, car leur présence et leur sagesse combinées ont donné une profondeur et une richesse formidables à l’événement.
La discussion sur la violence latérale et sur la violence fondée sur le genre a été très enrichissante; c’était une partie essentielle de l’événement. Lorsque Evan et l’Aînée Sheila se sont joints à la conversation, nous avons vécu un moment fort et marquant. Il s’agissait d’un dialogue extrêmement important, qui a offert à tout le monde une occasion de croissance et de compréhension.
Comme toujours, la nourriture a été très appréciée. Il y avait plusieurs options santé, comme des fraises fraîches, de la bannique, du fromage sans lactose, des raisins et du beurre d’amande. Un grand choix de boissons non alcoolisées a aussi contribué à l’atmosphère chaleureuse. En résumé, l’événement a offert au public un espace sûr, créatif et pédagogique, favorable aux conversations en profondeur, à l’expression artistique et au renforcement de la communauté. Les commentaires ont été extrêmement positifs. Manifestement, les personnes présentes se sont senties inspirées et valorisées. »
Pour plus d’informations sur la Journée de célébration des communautés LGBTQQIA+ autochtones et de sensibilisation à la bispiritualité, cliquez ici.
