Pour les communautés 2S/LGBTQ+ aux quatre coins du monde, le 17 mai constitue une journée de sensibilisation et de lutte contre la stigmatisation et la discrimination. Cette année, face à la montée de la haine contre les personnes trans et les efforts politiques déployés pour supprimer les droits des personnes 2S/LGBTQ+, la Journée internationale contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie (IDAHOBIT) prend tout son sens.
Si des initiatives telles que le projet de loi « don’t say gay » (ne parlez pas des gais) en Floride incarnent la haine anti-2S/LGBTQ+ de manière frappante, la discrimination à l’encontre des personnes queers et trans demeure monnaie courante au Canada.
En vue de mieux connaître la discrimination subie par nos communautés, nous avons consulté les résultats de Notre santé, une étude pancanadienne sur les communautés 2S/LGBTQ+. Le CBRC a déjà diffusé des données à l’occasion de l’IDAHOBIT dans les dernières années (voir les publications de 2022 et 2021), mais pour la première fois, les données de cette année reflètent les personnes de toutes les identités 2S/LGBTQ+, y compris les femmes queers.
L’étude Notre santé nous apprend que la discrimination se manifeste dans différents contextes au sein des communautés 2S/LGBTQ+. Celle-ci touche plus souvent les personnes avec de multiples identités marginalisées. À travers divers milieux, les personnes sondées blanches et cis font moins souvent état de discriminations que les personnes racisées ou transgenres.
Nous avons également voulu connaître les types de discrimination vécue par nos communautés depuis le début de la pandémie de la COVID-19. Dans l’ensemble, 48 % des personnes interrogées ont déclaré avoir subi de la discrimination fondée sur l’orientation sexuelle. Parmi les personnes trans et les personnes de la diversité de genres, 81 % ont affirmé avoir connu de la discrimination liée à leur identité ou à leur expression de genre. Quant aux personnes PANDC (personnes noires, autochtones et de couleur) plus de la moitié d’entre elles ont vécu de la discrimination en raison de la race ou de la couleur de la peau (51 %) ou alors sur la base de l’ethnicité ou de la culture (52 %). Par ailleurs, 50 % des personnes s’identifiant comme vivant avec un handicap ont rapporté avoir fait l’objet de discrimination liée à leurs capacités.
Ces résultats témoignent d’une réalité bien connue par nombre d’entre nous : la discrimination à l’encontre de nos communautés existe certes. En plus d’être fréquente, elle se superpose aux différentes strates de marginalisation.
Le thème de l’IDAHOBIT cette année, « Ensemble pour toujours : une diversité solidaire », met l’accent sur l’entraide et le soutien mutuel compte tenu de ces réalités. D’ailleurs, nos données reflètent aussi la nécessité de s’épauler entre nous.
Les résultats de l’enquête Notre santé révèlent que le soutien social est un déterminant d’une bonne santé mentale. Les probabilités de se considérer en bonne santé mentale sont 3,7 fois plus élevées chez les personnes qui disent bénéficier d’un soutien social important1.
Même si la discrimination échappe à notre contrôle, nos liens et le soutien mutuel avec nos proches nous aident à affronter (et à dépasser) les obstacles rencontrés.
Bien sûr, la santé mentale des personnes 2S/LGBTQ+ nous incombe, mais elle revient aussi aux gouvernements, aux professionnel·le·s de la santé et à nos allié·e·s. Pour les personnes qui s’identifient ou non comme 2S/LGBTQ+, la lutte contre la discrimination constitue un devoir à prendre au sérieux.
Dans un contexte où la haine et la discrimination pèsent toujours sur nos communautés, et en particulier sur les personnes avec plusieurs identités marginalisées, nous nous engageons à agir contre la discrimination sous toutes ses formes. Cette volonté se traduit par une lutte active contre l’homophobie, la biphobie et la transphobie, ainsi que contre le racisme, le capacitisme et d’autres formes d’oppression souvent vécue au sein de nos communautés. En ce 17 mai, nous nous unissons avec fierté à l’appel Ensemble pour toujours : une diversité solidaire!
1 : Les personnes interrogées ont décrit leur santé mentale sur une échelle de Likert en cinq points. Une « bonne » santé mentale correspond aux réponses « excellente », « très bonne » et « bonne », par opposition aux réponses « moyenne » et « médiocre ». Le soutien social a été mesuré à l’aide de l’échelle SPS-5. Un seuil de 15 a été utilisé pour distinguer un soutien social élevé d’un soutien social faible.