Ce vendredi 21 juin, c’est la Journée nationale des peuples autochtones, l’occasion pour nous de reconnaître et d’honorer l’histoire, le patrimoine, la résilience et les réalisations des Premières Nations, des Inuit·e·s et des Métis·se·s de toute l’Île de la Tortue. Pour le CBRC, il s’agit notamment de souligner avec enthousiasme tout le travail accompli par l’équipe du programme bispirituel, ainsi que par nos partenaires autochtones, qui ont connu une croissance remarquable et réalisé de nombreux projets au cours de la dernière année.
Récemment, j’ai eu le privilège de visiter la nation Haïda à Haida Gwaii en compagnie de cinq membres de l’équipe du programme bispirituel. Après trois ans d’échange, l’invitation a été lancée par le Skidegate Health Centre, qui a proposé aux membres de notre équipe de venir parler de leurs vécus et des efforts déployés par le CBRC pour dialoguer avec les communautés rurales et éloignées, afin d’apprendre à mieux soutenir les personnes 2S/LGBTQ+ qui y résident. Cet échange de quatre jours s’est déroulé dans le respect des cultures autochtones de la région, en reconnaissant l’importance des voix bispirituelles dans les conversations sur la santé sexuelle, les expressions identitaires et les alliances communautaires.
Je suis extrêmement reconnaissant envers nos hôtes, les membres de la nation Haïda, de nous avoir réservé un si bel accueil, notamment à moi, un colon queer issu d’une famille coréenne immigrante. Je reconnais également la formidable occasion qu’a eue l’équipe du programme bispirituel de présenter ses nombreuses activités : tout d’abord, le programme Medecine Bundle (anglais seulement), qui continue d’avoir des retombées positives sur la vie des personnes autochtones queers et trans ayant besoin d’articles de santé sexuelle adaptés à leur culture; ensuite, le symposium bispirituel, qui en novembre 2023 a rassemblé plus de 80 personnes en provenance de partout sur l’Île de la Tortue pour deux jours de partage, de cérémonies et d’activités de renforcement de la communauté; et enfin, en mars, la troisième édition de la Journée de célébration des communautés LGBTQQIA+ autochtones et de sensibilisation à la bispiritualité, qui s’est déroulée cette année dans pas moins de cinq provinces et territoires. En vérité, pour l'équipe du programme bispirituel, les accomplissements ne connaissent pas de limites.
Je suis également reconnaissant à la nation Haïda de m’avoir donné une nouvelle occasion de voir notre équipe en action. Je sais à quel point les membres de cette équipe travaillent dur tout au long de l’année, mais c’est un réel privilège de les voir sur le terrain, en communauté, en train d’opérer leur magie parmi les leurs. Quel honneur d’être témoin de leur présence attentive et de leurs interactions courageuses et encourageantes avec la communauté! Notre équipe parvient à instaurer des espaces accueillants, sécuritaires, bienveillants et propices à l’affirmation des identités, pour permettre aux personnes présentes d’explorer des enjeux délicats liés à l’identité et à l’expression de genre, à l’orientation sexuelle et à diverses questions de santé propres aux communautés autochtones. Ce fut un grand plaisir d’assister à la création de liens authentiques entre ces personnes. Les conversations sérieuses et à cœur ouvert et les cercles de partage ont également été l’occasion pour moi d’apprendre à mieux connaître les membres de notre équipe et ce qui les a amenés à travailler dans ce domaine.
POINT SUR L’ENGAGEMENT DU CBRC EN FAVEUR DE LA RÉCONCILIATION
Alors que nous nous apprêtons à célébrer la Journée nationale des peuples autochtones, en plein milieu du Mois national de l’histoire autochtone, j’aimerais profiter de l’occasion pour faire le point sur l’engagement du CBRC en faveur de la réconciliation (anglais seulement) et sur sa volonté de collaborer intentionnellement et délibérément avec les personnes bispirituelles et autochtones queers et trans. L’une des choses dont je me réjouis le plus est notre travail pour corriger les failles en matière de leadership au sein de notre organisme. Le CBRC ne comptait aucune personne autochtone au sein de son conseil d’administration, ni même dans les postes de direction – une lacune majeure pour un organisme s’étant engagé à décoloniser ses pratiques. Ce fut donc un immense plaisir d’accueillir Jessy Dame, qui a fait du programme bispirituel ce qu’il est aujourd’hui, au poste de directeur de la promotion de la santé bispirituelle en septembre 2023. C’est avec fierté que nous pouvons aussi annoncer que nous achevons actuellement le processus de recrutement du conseil d’administration, et que nous nous réjouissons d’y accueillir des membres autochtones dans les semaines à venir (restez à l’écoute pour l’annonce officielle). Ces changements ne sont pas que symboliques; ils sont concrets et tangibles, et auront des retombées majeures sur les orientations que prendra le CBRC à l’avenir.
Nous travaillons également sur des initiatives visant à étendre la portée des activités du programme bispirituel. L’année dernière, nous avons obtenu avec enthousiasme une nouvelle subvention de fonctionnement pour le programme Medecine Bundle. Cette aide démontre que les retombées importantes de notre initiative sont reconnues, et qu’on souhaite investir davantage pour que ses effets se fassent sentir plus largement.
En tant que directeur allochtone d’un organisme non autochtone, je crois que nous avons la responsabilité particulière et incontournable de poursuivre nos efforts pour contrer les effets passés et présents de la colonisation, qui nuisent de multiples façons, et tant sur le plan individuel que structurel, aux personnes bispirituelles. Je pense qu’il incombe à tous les organismes queers de se remettre en question et de faire preuve de solidarité envers les membres autochtones de nos communautés, à l’image de leur solidarité mutuelle.
Enfin, je souhaite exprimer mon infinie gratitude aux organisations autochtones avec lesquelles nous collaborons, qui travaillent si dur et qui contribuent directement à notre succès. Le travail effectué au CBRC dans le cadre du programme bispirituel est le fruit de multiples collaborations et ne serait pas possible sans la passion et l’apport exceptionnels des organismes bispirituels, des leaders autochtones, des Aîné·e·s, des gardien·ne·s du savoir et des jeunes qui nous font l’honneur d’être nos partenaires. À vous tou·te·s, nous disons merci.
Michael Kwag
Directeur général
Centre de recherche communautaire