La dernière décennie de la pandémie de VIH a été marquée par de nombreuses avancées scientifiques en matière de traitement et de prévention du VIH. Les personnes vivant avec le VIH vivent plus longtemps et en meilleure santé, tout en subissant moins d’effets secondaires liés à leur traitement.
L’une des principales découvertes de cette période est que l’utilisation systématique d’une thérapie antirétrovirale (TAR) permet d’obtenir une charge virale indétectable, ce qui signifie qu’une personne ne peut pas transmettre le VIH. Cette stratégie de prévention est connue sous le nom de « indétectable = intransmissible » ou « I=I ». Depuis 2016, des efforts mondiaux ont été déployés pour disséminer cette information, qui augmente d’année en année chez les hommes queer et trans au Canada.
En cette Journée mondiale du sida, le CBRC aimerait rappeler aux gens que I=I est une stratégie de prévention du VIH très efficace, et que toute personne travaillant dans le domaine de la santé devrait trouver des occasions de diffuser le message I=I, en particulier auprès des personnes séronégatives.
La campagne I=I ne s’est pas contentée de prévenir les nouvelles infections au VIH; elle a également eu un impact positif sur la vie de nombreuses personnes. Dans le cadre de l’édition 2021 du sondage Sexe au présent, nous avons examiné les expériences des hommes queer et trans vivant avec le VIH et leurs perceptions de la campagne I=I. Un peu plus d’un tiers d’entre eux ont remarqué une diminution de la stigmatisation, de la honte et du rejet. De même, près d’un tiers ont constaté une amélioration de leur bien-être mental, social et sexuel.
Si les succès ont été nombreux dans l’ensemble, certaines personnes queer et trans vivant avec le VIH ont subi des conséquences inattendues de la campagne I=I, comme le fait que près de 20 % d’entre elles ont ressenti une pression accrue de prendre des médicaments ou maintenir une charge virale indétectable. Cela témoigne d’un problème commun qui existait bien avant la campagne I=I. En raison de la stigmatisation associée au virus, les personnes vivant avec le VIH sont trop souvent considérées par la société, la santé publique, les gouvernements, le système juridique et les chercheur·se·s comme étant vecteur de maladie. L’expérience de vivre avec le VIH est ainsi réduite au fait de savoir si une personne est capable de transmettre le VIH à quelqu’un d’autre, plutôt que d’être perçue comme une condition médicale qui n’est qu’une partie de leur expérience vécue.
Pour lutter contre cette stigmatisation persistante, le CBRC a réalisé deux vidéos au début de l’année avec le mannequin canadien Travis L’Henaff sur son expérience en matière de dépistage du VIH et le travail qui doit être fait pour éradiquer la stigmatisation du VIH. Sur la base de ces vidéos et des expériences que notre communauté a partagées dans le cadre de l’édition 2021 du sondage Sexe au présent, nous lançons un nouveau projet qualitatif et de recherche passionnant et dirigé par les pairs afin d’explorer les obstacles auxquels se heurtent les principales sous-communautés de personnes queer et trans qui ont été reléguées aux marges dans les messages I=I.
Nous recrutons actuellement des conseiller·ère·s communautaires pour ce projet et avons hâte d’entreprendre la recherche et de lancer la campagne en 2022.
Chris Draenos
Gestionnaire de l’implémentation pancanadienne du dépistage des ITSS et de l’arrimage aux soins