Alors que nous célébrons la Journée nationale des peuples autochtones, Jessy Dame, gestionnaire du programme bispirituel, fait le point sur l'engagement du CBRC en ce qui concerne les appels à l'action de la Commission de vérité et réconciliation (CVR).
Tout d'abord, j'aimerais commencer par souhaiter à tous une bonne Journée nationale des peuples autochtones. La découverte récente de 215 enfants sur le terrain de l'ancien pensionnat de Kamloops a révolté l'équipe du CBRC. Cette découverte a déclenché une prise de conscience mondiale qui ne peut plus être ignorée. Cette prise de conscience nous a permis de reconnaître les nombreuses histoires passées sous silence et les enfants disparus qui ne peuvent plus être ignorés. J'aimerais personnellement envoyer de l'amour et de la gentillesse aux familles et aux communautés de ces enfants disparus et reconnaître la douleur que cette découverte a ravivée. J'espère que nous pourrons travailler ensemble afin de remettre en question le contexte actuel de racisme systémique et d'atténuer les barrières sociétales qui sont imposées de force aux communautés autochtones de l'île de la Tortue.
En tant que gestionnaire du programme bispirituel du CBRC, j'aimerais faire le point sur nos initiatives dirigées par les Autochtones. Nous reconnaissons que l'acte de « créer de l'espace » pour les communautés autochtones n'est pas approprié, car avant la colonisation, les communautés bispirituelles et les autres communautés autochtones avaient de l’espace ; c'est pourquoi nous parlons plutôt de « rendre l'espace ». C'est ce que nous avons fait en créant notre programme bispirituel, qui est dirigé par des membres de la communauté bispirituelle, ainsi qu'en créant un comité interne au CBRC qui a évalué la participation autochtone et les obstacles systémiques à l'emploi. Ce processus nous a permis de recruter activement des employé·e·s, des Aîné·e·s et des mentors bispirituel·le·s qui guident, créent et évaluent nos programmes.
Données de Sexe au présent sur les personnes autochtones bispirituelles et GBTQ+
En 2016, le CBRC a répondu aux « appels à l'action » de la CVR (en particulier ceux en matière de santé) en prenant une série d'engagements dans le cadre de notre travail à venir. Depuis, nous avons travaillé dur pour remettre en question l'état actuel de la recherche et de la collecte de données qui représentaient mal les communautés bispirituelles et les autres communautés autochtones. L'une des priorités absolues de cette remise en question était d'examiner la façon dont les données sont collectées sur la communauté bispirituelle et à qui appartiennent ces dernières.
Les résultats de ce travail se reflètent dans les données recueillies dans le cadre de l'édition 2018 du sondage Sexe au présent. L'équipe de chercheurs du CBRC a traversé l'île de la Tortue afin de parler à 271 personnes autochtones bispirituelles et GBTQ+ (9 % de tous les participants à l'enquête) de leurs pratiques sexuelles actuelles et de leur santé mentale, ce qui représente un taux de participation historique des communautés autochtones. Voici une partie de ce que nous avons appris.
Représentation des membres de la communauté bispirituelle
Le CBRC s'est également efforcé d'assurer le recrutement actif de membres de la communauté bispirituelle. Un facteur important à noter est une compréhension claire de la participation par rapport au tokénisme. Au CBRC, nous sommes conscients que, pendant trop longtemps, des postes autochtones ont été créés au sein des organisations à des fins symboliques et non pas à des fins de participation active et d'orientation. Grâce à notre travail, le CBRC a pu « rendre l'espace » et soutenir l'embauche de neuf personnes bispirituelles au sein de son personnel. Nous aimerions vous présenter certaines d’entre elles ici.
Journée de célébration bispirituelle
Grâce au travail que nous accomplissons – ainsi qu'aux liens solides que nous avons établis au sein de nos communautés – j'ai le plaisir d'annoncer que le CBRC s'engage à organiser une Journée annuelle de célébration bispirituelle.
Grâce à la visibilité croissante de la communauté bispirituelle et de ses alliés, les membres autochtones et allochtones de la communauté s'unissent aujourd'hui pour annoncer la première Journée annuelle de célébration bispirituelle, qui aura lieu lors de l'équinoxe de printemps, et ce, à compter du printemps 2022. Cet engagement du CBRC est le résultat d'un besoin qui a été identifié par et pour la communauté bispirituelle. Nous espérons travailler avec nos nombreux partenaires communautaires afin d'accroître la sensibilisation envers les personnes bispirituelles et de les célébrer lors de cette journée.
La Journée annuelle de célébration bispirituelle reconnaîtra les diverses sexualités, genres, rôles de genre et expressions de genre qui existaient dans de nombreuses communautés autochtones avant la colonisation. L'objectif général de cette journée est de sensibiliser davantage les gens aux réalités des personnes et des communautés bispirituelles, trans et non binaires, ainsi que de les mettre en valeur et de les célébrer. Par le biais d'actions, d'événements et de célébrations, nous réintégrerons officiellement les personnes et les communautés bispirituelles au sein de leurs nations et leurs sociétés respectives afin de garantir qu'à l'avenir, la communauté bispirituelle ne sera plus considérée comme quelque chose de secondaire. Les personnes et les communautés bispirituelles, trans et non binaires retrouveront le respect, l'honneur et la dignité qu'elles avaient avant la colonisation, moment où les Autochtones ont été forcés de se conformer au système binaire rigide des colonisateurs et que des méthodes et des concepts étrangers (et nuisibles) comme la misogynie, l'homophobie, la transphobie et le cissexisme ont été introduits sur l'île de la Tortue.
En tant que gestionnaire du programme bispirituel du CBRC, je dois dire que c'est un réel plaisir de pouvoir travailler pour et avec la communauté bispirituelle afin de briser les barrières sociétales et d'augmenter la représentation bispirituelle. Je crois qu'il est important de souligner que le CBRC reconnaît la valeur de ma propre guérison et comprend que cette dernière me permet de mieux soutenir ma communauté. Grâce à la récupération de mon identité culturelle et au renforcement de mes liens avec mes mentors et les Aîné·e·s, je suis en mesure de transformer mon propre vécu en outils dont la communauté peut se servir.
Passez une bonne Journée nationale des peuples autochtones!
Pour plus de renseignements sur le programme bispirituel du CBRC, veuillez contacter Jessy Dame à [email protected].